GALLERY
Bâton de maréchal de France d’époque Second Empire
SOLD
Bâton de maréchal de France d’époque Second Empire
Attribué au maréchal Randon
SOLD
Object N° 2200

Modèle de service et de campagne. Le corps en laiton cylindrique est recouvert de velours de soie bleu nuit semé de trente aigles impériales non couronnées en laiton doré estampé, empiétant un foudre d’où tombent des éclairs, réparties sur six colonnes. L’embout supérieur, en laiton doré, présente un bandeau à fond amati portant la devise "TERROR BELLI, DECUS PACIS" dont chaque lettre, sans empattements, est soudée et brunie ; le sommet à fond amati est orné d’une aigle impériale contournée, en fort relief, empiétant un foudre lançant deux éclairs brunis. L’embout

inférieur en laiton doré, présente un bandeau et un fond légèrement bombé.

Bon état général, manque son velours laissant apparaître la trame en soie.

Paris, 1854-1870, vers 1856.

L. 50 x D 5 cm. Poids brut : 567,5 g.

Provenance

- Très probablement, le maréchal Jacques Louis Randon (1795-1871).

- Descendance du maréchal Ney (1769-1815).

- Vente Binoche et Giquello, 20 juin 2012, lot 107.

Historique

Sous le Second Empire, les officiers généraux élevés à la dignité de maréchal de France reçurent un bâton avec ornements en vermeil, dont la calotte inférieure portait la dédicace et la date d’attribution : « Donné par l’empereur Napoléon III à son cousin le maréchal … Le … ». Ce précieux bâton devait être porté avec la tenue de cérémonie des maréchaux. Cependant, l’iconographie picturale ou photographique de 1848 à 1870 nous montre que les maréchaux exerçant un commandement militaire ou une fonction administrative arboraient un bâton en toutes circonstances, qu’ils fussent en grand ou petit uniforme. Il paraît alors évident que ces maréchaux furent contraints d’acquérir un, voire deux, bâton de service et de campagne aux ornements moins fragiles en laiton doré, afin

de conserver tout son lustre originel à leur précieux bâton de cérémonie en vermeil.

Le fournisseur officiel des bâtons de cérémonie, sous la IIe République et le Second Empire, était la Maison Thiébaut (fabricant joaillier bijoutier,

178 rue Montmartre à Paris) dont nous connaissons les bâtons de quelques maréchaux, conservés pour la plupart au musée de l’Armée à Paris : Harispe nommé en 1851 (inv. 2003.10.8 – en vermeil et muet), Magnan et Castellane en 1852 (inv. 04869, Cc922 – en vermeil avec dédicace & 6624, Cc336 – en vermeil avec dédicace), Regnault de Saint-Jean d’Angély en 1859 (inv. 04014, Cc900 - en vermeil), et d’Ornano en 1861 (inv. 27769, Cc) ; celui du maréchal Randon, nommé en 1856 et illustré dans l’ouvrage du comte Spada « Onore e Glorie, Francia, Russia, Austria » (pp. 148-149), est également par Thiébaut.

Les bâtons de service et de campagne ne semblent pas provenir d’orfèvres mais de fournisseurs d’articles militaires tel Michel-Ange Marion (21 rue de Haute Feuille à Paris), surtout connu pour sa production d’aigles de drapeau dont ceux en aluminium doré. Ces bâtons, destinés à intégrer des bagages expédiés au loin et à paraitre sur des terrains d’opérations militaires, étaient muets (sans dédicace ni blason), dans l’éventualité d’une perte ou d’une capture.

À ce jour, deux bâtons de service et de campagne sont répertoriés avec une appartenance donnée : l’un pour le maréchal Canrobert et un autre

pour le maréchal Randon. Le premier, conservé au musée du Risorgimento de Milan (Palazzo Moriggia), porte des aigles semblables à celles sur

le bâton présenté ici, mais ses embouts sont différents. Le second, conservé au musée de l’Armée à Paris (inv. 16354 – en laiton doré et muet), est identique, même par ses lettres sans empattements soudées individuellement.

L’attribution au maréchal Randon du bâton présenté ici est étayée par sa carrière et confortée par la présence de son sceau dans la vente du Maréchal Ney (voir plus haut), tous deux avec la même provenance.

Biographie

Jacques Louis Randon (1795-1871) fut élevé à la dignité de maréchal de France, en 1856, alors qu’il était gouverneur général d’Algérie. Il exerça cette fonction de 1851 à 1858 et, à ce titre, effectua de nombreuses traversées entre la France et l’Algérie, et y mena plusieurs expéditions militaires. De 1859 à 1867, il fut ministre de la Guerre. Une telle carrière suggère l’usage probable de deux bâtons de service et de campagne, commandés chez Marion ce qui explique sa parfaite similitude avec celui du musée de l’Armée de Paris (inv. 16354) qui lui aussi est muet et avec une usure prononcée du velours dans la partie basse. Il est à noter que ce bâton du maréchal Randon provient de l’ancien musée Franchet d’Espérey à Alger et fut remis au musée de l’Armée de Paris, le 29 septembre 1962.

Durant le Second Empire, outre Randon, seuls deux autres maréchaux de France avaient un R pour initiale de leur nom : Reille et Regnault de Saint-Jean d’Angely. Le premier fut élevé à la dignité en 1847 et il n’exerça ni commandement militaire ni fonction administrative durant le Second Empire. Le bâton de cérémonie du second, par Thiébaut, est conservé au musée de l’Armée de Paris (inv. 04014, Cc900) et porte des traces de chocs sur ses embouts en vermeil, démontrant que Regnault de Saint-Jean d’Angély n’utilisa vraisemblablement pas d’autre bâton.

TEXTE REPRIS DE LA VENTE DE 2012.