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Paul-Victor LEBAS (actif pendant la seconde moitié du XIXe siècle)
SOLD
Paul-Victor LEBAS (actif pendant la seconde moitié du XIXe siècle)
Portrait de l'impératrice Eugénie
SOLD
Object N° 1727

Rare camée gravé sur coquillage dit "camée coquille", à plusieurs couches, figurant le profil gauche de l'Impératrice inspiré des modèles de Nieuwerkerke et de Peyre. La différence est qu'Eugénie porte ici une parure de perles dont un collier à un rang de perles enrichi de neuf pendeloques en perles poires (celui de la duchesse d'Angoulême des joyaux de la Couronne, ill. 1. On notera aussi la ressemblance avec celui de la duchesse de Sutherland (ill. 2) qui aurait appartenu à la reine Marie-Antoinette), deux pendants d'oreille en perles en forme de poire (achat personnel), et dans les cheveux un sautoir de perles rondes.

Circa 1853.

Monté en broche de forme ronde en or (750 millièmes) à décor de filigranes et bordure perlée dans le goût néo-grec ou "néo-archéologique".

Très bon état, l'épingle en or rapportée.

D. 6,2 cm (au total). Poids brut : 36,6 g.

Provenance

- Salon de 1853 (Paris, Hôtel des Menus-Plaisirs), sous le n°1399.

- Exposition Universelle de 1855 (Paris, Palais des Beaux-Arts, avenue Montaigne), sous le n°4450.

- Collection privée, France.

Historique

Né à Paris, Paul-Victor Lebas commença sa carrière comme graveur sur acier avant de se spécialiser dans la gravure sur camées-coquille, aux contacts de ses maîtres le sculpteur Caillouëtte et le graveur italien Luigi Michelini. Ce-dernier, né à Rome en 1792 et mort à Paris en 1857, antiquaire, mosaïste, graveur de camées-coquille puis sur pierres dures, exposa au Salon à partir de 1855, où notamment la Princesse Mathilde faisait partie de ses clients, tout comme le comte Colonna-Walewski. Lebas dépassa rapidement le maître puisque dès 1851, il remporta un prix à l'Exposition Universelle de Londres pour un camée-commesso sur coquillage figurant la Reine Victoria (ill. 3). Monté en broche par Félix Dafrique, il est aujourd'hui conservé au Victoria & Albert Museum (inv. M.340-1977). Il expose ensuite au Salon de 1852, un portrait du Prince-Président et deux autres du prince et de la princesse Lucien Murat. Vient ensuite le Salon de 1853 où il expose un "camée coquille" de "l'Impératrice" [Eugénie], dont il est précisé : "d'après M. le comte de Nieuwerkerke et M. Peyre", ne laissant guère de doute sur le fait qu'il s'agit bien de notre exemplaire. Pour cette œuvre, il reçoit la mention honorable de Troisième classe décernée par le Jury dans la catégorie Sculpture.

Apparemment non vendue ou ayant la volonté de le garder pour l'occasion, Lebas l'exposa deux ans plus tard à l'Exposition Universelle de Paris de 1855 ; on ne sait ce qu'il en devint par la suite. L'artiste exposa enfin aux salons de 1865, 1866, 1868 et 1876, en tant que "graveur du prince Murat". Il recevra une médaille de bronze lors de l'Exposition Universelle de 1867 à Paris pour des camées. Il fut un graveur prestigieux puisqu'il eut de nombreux élèves dont August Wild (1814-1896) ou encore François Reverchon (1829-?), mais également son fils, Paul-Charles Lebas, qui exposa aussi au Salon dans la même catégorie (notamment en 1876).

Oeuvres en rapport

On sait que Lebas réalisa plusieurs portraits de la Famille impériale, dont deux en onyx de cornaline sont conservés au Metropolitan Museum de New-York (ill. 4 et 5) :

- L'empereur Napoléon III (inv. 40.20.14), lauré de profil droit, circa 1867 (non signé) ;

- Le Prince impérial (inv. 40.20.16), de profil gauche, circa 1865 (signé P. L.), dont le portrait est proche mais ne copie pas la statue en marbre de Jean-Baptiste Carpeaux commandée par l'Empereur en 1865 (Musée du Louvre).

Le musée national du château de Compiègne possède un buste en marbre (inv. MMPO.1289) et un autre en plâtre (inv. C.52-D.1) réalisés par Emilien de Nieuwerkerke (1811-1892) en 1852, où l'impératrice porte dans ses cheveux noués un peigne surmonté de boules de perles (ou de corail ?) à rapprocher de notre camée (ill. 6 et 7). Sous la direction de ce même comte de Nieuwerkerke, l'artiste Jules Peyre (1811-1871) exécuta ensuite dès 1853 un modèle de médaillon au profil d'Eugénie en biscuit de Sèvres (ill. 8), dont un bel exemplaire dans un cadre noirci se trouve également à Compiègne (inv. MMPO.1203). L'influence de ces deux œuvres réalisées en 1852 et 1853 sur notre exemplaire étant claire, Lebas a dû réaliser ce camée au début de l'année 1853 puisqu'il l'expose au Salon qui débuta le 15 mai.

Littérature

- Michel Duchamp, Glyptique, in Dictionnaire du Second Empire, pp. 577-580.

- James David Draper, Cameo Appearances, The Metropolitan Museum of Art Bulletin, Spring 2008, Volume LXV, Number 4, New York, 2008, p. 49.

- The art of the jeweller, 1984, vol. II, n°904-905, p. 126.

- Bulletin de la Société française de numismatique, septembre 1992, article de Marcel Duchamp, p. 408.

Vendu aux Musées du Second Empire et de l'Impératrice Eugénie - Château de Compiègne