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Rare assiette impériale en porcelaine de Sèvres
SOLD
Rare assiette impériale en porcelaine de Sèvres
Provenant du service du prince Jérôme Napoléon
SOLD
Object N° 1867

Assiette en porcelaine dure, à fond rouge mat dit "rouge pompéien", le marli à décor de palmettes stylisées en or et réserves fleuries laissées blanches, le centre à décor polychrome d'une nature morte aux figues et cerises dans une coupe en verre à l'antique avec un escargot au premier plan, inspirée des fresques de Pompéi.

Parfait état.

Manufacture impériale de Sèvres, circa 1854-1856.

Marque au N couronné au tampon rouge sans date.

Marque de fabrication de la pâte au tampon vert datée S. (18)54.

Marque en creux datée de juillet 1854.

D. 24 cm.

Provenance

L'une des 72 assiettes du service livré à Son Altesse Impériale le Prince Jérôme Napoléon (1822-1891) le 23 mars 1857, pour son Palais pompéien à Paris.

Archives

Un double service d'entrée et de dessert à "décor étrusque" fut commandé dès 1854 pour s'accorder harmonieusement avec la villa pompéienne du Prince Napoléon (voir ci-après). Il entra au magasin de vente de Sèvres en octobre 1856 (Arch. Sèvres, Vv6, 24-37 à 46 et 24-47) et fut livré à S.A.I. le Prince Napoléon le 23 mars 1857 (Vz9, 58 v°). L'entrée à "frise étrusque en or" était composée notamment de 120 assiettes plates (à 9 frs/pièce) et d'une série de pièces de forme ; le dessert composé essentiellement de 72 assiettes plates (à 76 frs/pièce) et de tasses à café et à thé, était dénommé "service à fond brun rouge, décor étrusques en or, trophées significatives au centre".

Ces scènes centrales ont été dessinées par Jules Dieterle (1811-1889), directeur des travaux d'art à Sèvres et ayant supervisé le service, et ont été peintes par cinq ornemanistes, dont Gérard Derichweiler (1822-1890), et un doreur.

Historique

Fils cadet de Jérôme Bonaparte, ancien roi de Westphalie, et de Catherine de Wurtemberg, le prince Napoléon appelé familièrement « Plon-Plon » naît en exil à Trieste. Il est le frère de la princesse Mathilde. À la mort de sa mère en 1835, il est accueilli par sa tante Hortense à Arenenberg, où il se lie d'amitié avec son cousin germain Louis-Napoléon, futur empereur Napoléon III. À l'insu de son cousin, il a une liaison avec la célèbre tragédienne Rachel, dont Louis-Napoléon est également l'amant. Il a la jouissance du Palais-Royal et du château de Meudon, alloués à son père par Napoléon III. Dès 1854, il décide de se faire également construire un hôtel particulier de style néo-pompéien sur l'avenue Montaigne, suivant les goûts de sa maîtresse d'alors. C'est vraisemblablement pour elle qu'il commande ce service "fond rouge, décor étrusque" à la Manufacture de Sèvres, Arsène Houssaye, directeur de la Comédie Française, cite en effet : "Mlle Rachel a même un service représentant toutes les figures des fresques antiques" (in Les confessions, souvenirs d'un demi-siècle 1830-1880, 1885, vol. IV, p. 243).

Plon-Plon tombe en disgrâce en 1865 après avoir prononcé, lors de l'inauguration d'un monument à Ajaccio, le 15 mai, un discours favorable à un empire libéral. Il se retire alors dans sa propriété de Prangins, au bord du lac Léman.

La Maison pompéienne

Parfois appelé Palais pompéien, l'hôtel particulier du prince Jérôme Napoléon à Paris dans le style de la villa de Diomède à Pompéi était situé au 16-18 avenue Montaigne entre 1860 et 1891. Il a été construit entre 1856 et 1860 sur l'ancien site du Pavillon des Beaux-Arts de l'Exposition Universelle de 1855. En tant que président de l'Exposition, Jérôme avait acheté le terrain à cette fin, afin de faire plaisir à sa maîtresse, la tragédienne Rachel, en lui construisant un palais rappelant les villas de Pompéi. Les architectes comprenaient Jacques-Ignace Hittorff, Auguste Rougévin et Alfred-Nicolas Normand. Camille-Auguste Gastine a créé les schémas décoratifs dans le style pompéien. Ses peintures intérieures comprenaient des œuvres de Sébastien Cournu et de Jean-Léon Gérôme. Il est considéré comme un sublime exemple du style néo-grec.

Décédée en 1858, Rachel ne vit jamais la fin des travaux. Jérôme, marié en 1859 à Marie-Clotilde de Savoie, y tient des fêtes "à l'antique" où sont données des présentations de textes ou des pièces jouées par les acteurs en vogue. Les assiettes étaient montrées dans des vitrines murales et buffets de la salle à manger. Lorsque Jérôme partit en exil, il le vendit à un groupe d'investisseurs qui l'ouvrirent au public lors de l'Exposition Universelle de 1867. Abandonné pendant le siège de 1871 et en mauvais état en 1889, il fut démoli en 1891, faisant de notre assiette un rare témoin du goût pour l'imaginaire pompéien, évocateur d'une archéologie réinventée.

Oeuvres en rapport

- Trois assiettes se trouvent dans la collection du comte Charles-André Colonna Walewski, en dépôt au Musée du Second Empire, château de Compiègne (achetées en vente aux enchères à Versailles le 14 octobre 2012).

- Huit assiettes sont conservées à la Cité de la Céramique, Sèvres (inv. MNC 26640 à 26647), achetées en 1992-1993.

- Une assiette est conservée au British Museum, Londres (inv. 1992.0709.1), achetée en 1992.

- Deux assiettes sont passées en vente à Londres, 19 juin 1996.

Littérature

- Aileen Dawson, French porcelain. A catalogue of the British Museum collection, 1994, cat. 189, p. 230-232.

- Marie-Noëlle Pinot de Villechenon, Le service "pompéien" en porcelaine de Sèvres du prince Jérôme Napoléon ou une nouvelle fortune du décor pompéien en céramique, Revue des musées de France, n°5-6, 1997, p. 72-77.

- Cat. exp., Spectaculaire Second Empire, Musée d'Orsay, Paris, éd. Skira, 2016, cat. 150 p. 153-156.