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Rare boîte à mouches en écaille piquée d’or d’époque Louis XV
SOLD
Rare boîte à mouches en écaille piquée d’or d’époque Louis XV
La monture en or, Paris, 1722-1726
SOLD
Object N° 1875

Boîte à plaques d'écaille noire montée et doublée en or jaune, en forme de coquille à bords contournés et moulurés de style rocaille, s'ouvrant à charnière par un poussoir ciselé, la bâte ciselée de rinceaux sur fond sablé. Le couvercle à décor piqué uniquement de points en or jaune figurant une nature morte de fruits exotiques animée par une libellule, le revers à décor également piqué d'or d'un simple fruit exotique entouré de deux insectes volants. L'intérieur est incrusté d'un miroir au mercure au dos du couvercle, nous laissant penser qu'il s'agisse d'une boîte à mouches.

Bon état, légères rayures d'usage à l'écaille.

Paris, 1722-1726.

Poinçon de décharge pour les menus ouvrages (843 millièmes).

Poinçons de charge ou de lettre-date incomplet.

Poinçon d'orfèvre incomplet (on semble y voir un F, peut-être pour Louis Fasquel?).

Numéro d'inventaire gravé : JA 4562 sttt.

L. 6,2 x P. 4,5 x H. 1,4 cm. Poids brut : 58,7 g.

Provenance

Collection privée, France.

Oeuvres en rapport

- Un pommeau de canne avec lorgnette en écaille piquée d'or avec des insectes identiques, Paris, 1720-1730, est conservée au musée de l'Ermitage, inv. Э-3528 (ill. 1).

- Un étui à message en écaille piquée d'or avec des insectes identiques, Paris, 1720-1730, est conservée au musée de l'Ermitage, inv. Э-2696 (ill. 2).

- Une boîte à mouches rectangulaire en écaille piquée d'or avec un décor plus riche mais ornée d'insectes identiques notamment au revers entourant la scène centrale à rapprocher de la nôtre, Paris, circa 1720, est conservée au musée de l'Ermitage, inv. Э-4194 (ill. 3).

- Une tabatière en écaille piquée d'or ornée au revers d'un moulin à rapprocher de notre nature morte, Paris, circa 1720, est conservée au musée de l'Ermitage, inv. Э-4781 (ill. 4).

- Une tabatière de présent royal en écaille piquée d'or à décor d'un vellum et au revers d'une tortue à rapprocher de notre nature morte, montée en or par Daniel Govaers, Paris, 1725-1726, est conservée au musée du Louvre, inv. OA-10.670 (ill. 5). Elle était en 1981 la plus ancienne des boîtes en or appartenant au Louvre.

- Une tabatière en or de même forme que la nôtre avec un décor similaire sur écaille mais en coulé d'or, par Louis Fasquel, Paris, 1723-1724, est reproduit dans l'ouvrage récent d'Alexis Kugel (collection particulière, voir ci-après, p. 16, ill. 2).

Littérature

- Serge Grandjean, Catalogue des tabatières, boîtes et étuis des XVIIIe et XIXe siècles du musée du Louvre, Paris, 1981, n° 121 et p. 391 et suivantes.

- Alexis Kugel, Complètement piqué. Le fol art de l'écaille à la cour de Naples, éd. Monelle Hayot, 2018.

Historique

Durant le premier tiers du XVIIIe siècle se perfectionna un procédé d'incrustation en or ou en argent sur écaille quasi simultanément dans plusieurs pays d'Europe occidentale (France, Italie, Allemagne, Angleterre, Hollande), sans que l'on puisse encore en déterminer le centre d'origine, faute de pièces d'archives. Il rappelle le mode utilisé sur certains meubles de la fin du règne de Louis XIV, particulièrement ceux d'André-Charles Boulle. Son emploi donna lieu à des créations souvent raffinées ; l'inspiration en avait été fournie par des recueils d'ornemanistes, ceux des Français Jean Bérain, Pierre Bourdon (1703), G. Roberday (1710), Jean Bourguet (1723) ou encore de l'Allemand Paul Decker (vers 1710), etc.

La technique ici employée est l'une des variantes du piqué, qui consiste simplement à piquer de trous les parois d'écaille, suivant un modèle, et à mettre verticalement dans ces trous des fils d'or ou d'argent que l'on coupe ensuite à l 'extrémité, d'où le terme de piqué-point ou clouté d'or.

On a relevé seulement quatre noms de spécialistes d'écaille en Italie mais aucun en France jusqu'à présent, en dehors des poinçons de maîtres-orfèvres parisiens auteurs des montures, tels que Gouers ou Rémy de Cuizy. Les plus anciens objets connus semblent bien être parisiens et dater de 1717-1722 (d'après Alexis Kugel), bien que l'Ermitage conserve une tabatière piquée d'or datée de 1684-1689 (en forme de tonneau, inv. Э-1401, ill. 6).

Quoiqu'il en soit, il s'agit ici d'un des exemplaires les plus anciens de cette technique du piqué à Paris au tout début de l'époque Louis XV. Bien que le poinçon de lettre-date soit malheureusement effacé, le poinçon de décharge du Saint-Esprit (1722-1726) ne laisse aucun doute sur le fait que la monture soit contemporaine de la réalisation des panneaux, à la différence d'objets connus plus tardifs, vers 1760 et même 1780, réutilisant des plaques d'écaille des années 1720-1730. Bien que le décor par un anonyme soit ici moins riche que les chefs d'oeuvre du piqué napolitain des années 1725-1755, il n'en reste pas moins des plus élégants par le contraste de l'or jaune sur le fond noir, et des plus parfaits dans ses proportions, la nature morte s'incluant à merveille dans la forme rocaille de cette boîte à mouches.