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Rare & important vase en porcelaine de Sèvres
SOLD
Rare & important vase en porcelaine de Sèvres
À décor de rinceaux de style Renaissance, monté en bronze doré
SOLD
Object N° 1813

Vase en porcelaine dure de forme Carafe étrusque de 1ère grandeur, à fond taupe, à décor de rinceaux et de fleurs stylisées sur fond brun, dans une large réserve bordée de volutes à fond gris, dont l'entourage est orné de godrons turquoises et violets, bordés de fleurs stylisées vertes et roses et de filets or.

La garniture en bronze doré ciselé avec anses appliquées en feuilles de lauriers, rosaces et rubans, le pied rond décoré d'un rang de perles.

Très bon état, restaurations.

Manufacture impériale de Sèvres, 1866.

Marque au tampon rouge au chiffre de l'empereur Napoléon III datée (18)66.

Monogramme J.R. du peintre Nicolas Joseph Richard (peintre et doreur à Sèvres, actif 1830-1872).

H. 105 cm.

Provenance

- Vase d'une paire "décor style Renaissance" entrée au magasin de vente le 28 février 1867 (Vr' 1e série, n°2, fol. 47 et Vv7, 54), décorée par Joseph Richard entre juillet 1865 et décembre 1866 (Vj' 70, 40 et Vj' 71, 39). Le peintre d'ornements fut payé 4700 frs pour la paire, les bronzes furent probablement réalisés par Barré. Le coût de fabrication unitaire (par vase) est de 3744,50 frs tandis que le prix de vente unitaire est de 5000 frs, soit 10000 frs la paire.

- Exposition Universelle, Paris, 1867, sous les n° 138-139.

- Non livrés avant la chute du Second Empire en 1870, ils sont finalement livrés à l'hôtel du Ministère des Affaires Étrangères, en mars 1874 (Vbb 12, f° 70 v°).

- Collection particulière, Nice.

Œuvres en rapport

- Une vase d’une seconde paire identique, daté 1870, conservé au Musée national de Céramique à Sèvres (inv. MNC7710, ill. 1).

- Paire de vases "décor en or et couleurs, cartels de fleurs" par Alexandre David (ornements) et Barré (bronzes), d'après un dessin de Paul Avisse (ill. 2 et 3), entrée au magasin de vente en octobre 1866 et présentée à l'Exposition universelle de 1867, livrée la même année au palais de l'Elysée, placée dans le grand salon puis dans la salle à manger en 1894, conservée au Mobilier National (inv. GML-3207 et GML-3802).

Notes

La forme Étrusque carafe date du début du XIXe siècle, réalisée à partir de vases étrusques conservés au Louvre (ill. 4). Très utilisée par Napoléon Ier puis par Louis-Philippe pour recevoir des portraits, la forme fut remaniée à plusieurs reprises. En 1862, elle reçoit une nouvelle garniture de bronze doré conçue par Lambert, qui est celle de notre vase. Sculpteur d'ornements, Alphonse François Lambert (1828-1875) a travaillé à la manufacture de 1852 à 1875.

L'auteur du décor est Paul Avisse (1824-1886), dont les dessins préparatoires sont conservés aux archives de la manufacture (ill. 5 et 6). Il reçut sa formation dans l'atelier de Séchan et Diéterle, réputé pour ses importantes réalisations de décoration. Avisse ayant fourni le modèle et tracé les projets sur la pièce, les vases ont été ensuite peints sur le blanc par Joseph Richard (actif 1830-1872), décorateur et peintre d'ornements de la manufacture.

Le nom du décor "style Renaissance" ne saute pas au yeux dès le premier regard, tant la représentation naturaliste traditionnelle des fleurs se détache pour déjà s'approcher de la stylisation de l'Art Nouveau ; mais les rinceaux, fleurs, palmettes et godrons de notre vase rappellent bien le style ornemental du XVIe siècle, dont des estampes ont pu notamment influencer Avisse (ill. 7 et 8). L'âge d'or du rinceau est la Renaissance, il y est traité d'une façon toute spéciale, avec une extrême délicatesse, et se compose presque toujours, dans les parties verticales, de motifs reproduits symétriquement par rapport à une ligne d'axe, que l'on retrouve bien ici.

Les couleurs subtiles tranchent avec ce qu'a pu connaître Sèvres durant la première moitié du XIXe siècle. L’art de la couleur est porté à des sommets suite aux progrès de la chimie, aussi ces audaces chromatiques aux références orientales caractérisent la production des vases monumentaux de Sèvres sous le Second Empire. Ce décor illustre l'emploi des nouvelles couleurs de fond de moufle, c'est-à-dire cuites à température modérée dans une cassette (Vv7, 54, 36).

Littérature

- Les Fastes du pouvoir, cat. exp., Paris, 2007, cat. 40.

Sèvres, Revue de la société des amis du musée national de céramique, n° 16, 2007, pp. 88-102.

RESTITUÉ À L’ÉTAT FRANÇAIS