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Rare fauteuil de la reine Marie-Antoinette de l’Appartement des Bains du château de Saint-Cloud
SOLD
Rare fauteuil de la reine Marie-Antoinette de l’Appartement des Bains du château de Saint-Cloud
Époque de Louis XVI, par Adrien-Pierre DUPAIN, vers 1785
SOLD
Object N° 1862

Fauteuil à dossier plat en bois relaqué blanc, la ceinture à ressaut ornée d'une double rangé de perles, les supports d’accotoirs à balustres détachés à cannelures torses, le dossier soutenus par des gouttes, reposant sur des pieds fuselés à cannelures rudentées ; garni à carreaux et recouvert de velours crème et carreaux bleu canard.

Époque de Louis XVI, vers 1785.

Estampillé A. P. DUPAIN et VF.

Étiquette anciennement manuscrite : « St. Cloud Chambre de la Reine ».

H. 93 x L. 63 x P. 44 cm.

Provenance

- Commandé le 10 avril 1785 pour la Comtesse de Provence au château de Marly.

- Déplacé le 27 août 1785 au château de Choisy.

- Déplacé en 1788 au château de Saint-Cloud, installé dans la chambre de l’appartement de Madame Elisabeth situé au rez-de-chaussée, qui sera ensuite utilisé par Marie-Antoinette.

- Appartement privé de la reine Marie-Antoinette dit des bains, à partir du 4 juin 1789.

- Vendu en 1794 parmi le contenu du château de Saint-Cloud, sous le n°2208.

- Collection Daniel Druault, antiquaire.

- Collection particulière, Paris.

Historique

Longtemps étudié par Pierre Verlet, l’ameublement royal des palais et châteaux du XVIIIe siècle est connu pour une grande partie grâce aux description des inventaires dressés par les intendants et contrôleurs généraux des meubles de la Couronne, comme Thierry de Ville d’Avray (1732-1792). Malheureusement, si certains grands meubles et objets d’art, retenus par les Commissions des arts formées au moment de la Révolution sont restés en place, beaucoup d’autres ont été vendus, ou transportés dans les dépôts, etc. Ainsi, périodiquement retrouve-t-on des meubles ayant appartenu aux plus illustres personnages de l’histoire du XVIIIe, tels que le nôtre. Ce fauteuil portant l'estampille circulaire d'Adrien-Pierre Dupain, reçu maître le 10 décembre 1772, a fait en effet partie de l’ameublement de Marie-Antoinette à Saint-Cloud.

Salverte écrivit au sujet de Dupain qu’il "obtint des commandes pour des châteaux du Roi, en particulier pour celui de Saint-Cloud. Il fournissait à la même époque de nombreux tapissiers". Le fait que Dupain ne soit pas mentionné dans les archives du Garde-Meuble laisse présager que Dupain, à défaut de travailler directement pour la Couronne, travaillait pour le compte d’un tapissier.

Le mobilier royal a la particularité d’être presque toujours « marqué ». Cette dénomination recouvre en fait plusieurs types de marques. Il peut s’agir d’une numéro précédé d’une ou deux lettres, abréviation du château pour lequel il a été exécuté, ou bien d’une étiquette sur laquelle on a écrit le nom du château et la pièce qui lui était destiné. Dans le cas présent, nous trouvons une étiquette manuscrite sur laquelle on pouvait lire (notamment dans L'Estampille de juin 1986, encore visible aujourd'hui sous ultra-violet) : «St. Cloud Chambre de la Reine ».

Exécuté vers 1780, ce fauteuil faisait partie d’un ameublement comprenant un lit, huit ployants, deux fauteuils, deux bergères, un écran, un marchepied et un paravent. La première mention que nous possédons de cet ensemble date du 10 avril 1785. Nous apprenons que le tout (sauf le lit et l’écran) a été commandé pour Marly pour la Comtesse de Provence. Ce mobilier ne fut probablement jamais installé à Marly, puisque le 27 août de la même année, ordre est donné de le transporter à Choisy. À ce moment, les fauteuils avaient été peints en blanc par Chatard, et tapissés par Capin.

En 1787-1788, le même château de Choisy est entièrement démeublé afin de meubler le château de Saint-Cloud acheté par la Reine le 19 février 1785 au Duc d’Orléans, par l’intermédiaire du baron de Breteuil. Dès cet achat, le roi et la reine émirent le souhait d’y séjourner à la fin du mois d’août de la même année. De nombreux ordres furent alors passés au Garde-meuble de la Couronne, et ce jusqu’à la fin du mois de juillet. Par exemple, pour le grand cabinet, Hauré dut fournir « les bois des sièges et d’écran à double moulure, la sculpture la plus simple et la plus prompte à exécuter… ».

C'est ainsi qu'en 1788 le mobilier est installé dans la chambre de l’appartement de Madame Elisabeth. Ce mobilier est de nouveau décrit avec plus de précision concernant les étoffes. Le meuble de Perse est défini de la façon suivant: « Meuble de Perse fond blanc, dessin à vase et arbuste enluminé, encadré de bordure en Perse »

Pendant les années 1786, 1787, 1788, des travaux d’agrandissement important furent réalisé à Saint-Cloud en prévision de la future installation de la Cour, puisqu’il était prévu une grande campagne de travaux à Versailles pendant la décennie 1790-1800.

L’appartement de Madame Elisabeth, situé au rez-de-chaussée, revient à Marie-Antoinette après la mort du Dauphin, survenu le 4 juin 1789. Un changement dans l’affectation des appartements intervient à ce moment : Madame Elisabeth est logée dans les appartements du Dauphin décédé, et Marie-Antoinette prend son logement qui se trouve juste en dessus de son grand appartement du premier étage, donnant sur la cour d’honneur. L’ancien appartement de Madame Elisabeth devient l’appartement privé de la Reine ou appartement des bains. Elle disposait d’un appartement semblable dans chacune de ses résidences : Versailles, Choisy, les Tuileries. Marie-Antoinette utilisera cet appartement lors du dernier séjour de la Cour l’été 1790.

Le dernier inventaire de Saint-Cloud dressé en 1790, mentionne le mobilier toujours en place dans cet appartement des bains. Une partie du mobilier fut envoyé à Paris, le reste fut vendu sur place en 1794. Le procès-verbal des ventes mentionne, sous le n°2208, l’ameublement décrit ci-dessus. Les deux fauteuils furent vendu avec le lit, le paravent, l’écran, les deux bergères et quatre embrasses pour la somme de 3.400 livres. À ce jour, il semble que ce fauteuil soit le seul meuble connu de l’appartement des bains de la reine Marie-Antoinette (texte repris de l'article de Patricia Lemonnier dans L'Estampille de juin 1986).

Oeuvres en rapport

- Deux sièges estampillés de Dupain et portant la marque du Garde-Meuble de Marie-Antoinette furent exposés en 1882 au Musée des Arts Décoratifs à Paris. Ils appartenaient alors à la vicomtesse de Janzé et les fauteuils provenaient du château de Saint-Cloud.

- Une paire de bergères de Dupain, probablement livrées pour Marie-Antoinette à Saint-Cloud ou pour le salon de la reine dans sa maison du Hameau à Trianon, vendue chez Sotheby's Paris, 22 octobre 2008, lot 98 (adjugée 150.750 €, ill. 1).

- Un fauteuil de Dupain vendu avec un autre postérieur, probablement livré pour Marie-Antoinette à Saint-Cloud ou pour le salon de la reine à Trianon, vendue chez Christie's Paris, 14 avril 2015, lot 246 (adjugé 20.000 €).

- Une paire de marquises attribuées à Dupain, probablement livrées pour Marie-Antoinette à Saint-Cloud en 1785 puis placées au château des Tuileries sous la Restauration, vendue chez Sotheby's Paris, 9 novembre 2012, lot 224 (adjugée 70.350 €, ill. 2).

Dupain et l'estampille VF

L'estampille abréviative VF est souvent associée à celle d'Adrien-Pierre Dupain. Elle se retrouve sur :

- une série de six fauteuils (vente Christie's à New York, le 17 juin 2006, lot 59).

- une paire de fauteuils et trois chaises conservées au musée Nissim de Camondo à Paris (catalogue n°534).

- une paire de bergères (vente à Neuilly, étude Aguttes, le 7 décembre 2004, lot 257).

Peut-être est-ce une marque de sculpteur ou celle d'un marchand de bois.