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Rare pendule royale en bronze doré
SOLD
Rare pendule royale en bronze doré
Très probablement livrée pour la comtesse du Cayla au château de Saint-Ouen
SOLD
Object N° 1608

Pendule borne en bronze doré ciselé, à décor de palmettes et fleurons, de frises d'oves, de feuilles d'acanthe et de perles. Le cadran émaillé indiquant les heures en chiffres romains et les minutes, est cerclé de feuilles d'eau. Le tablier en bronze doré à décor symbolisant l'hermine royale, corroborant d'une manière discrète la provenance royale de cette pendule. Base rectangulaire sur patins. Avec ses clés.

Époque Restauration, vers 1820.

Par Lucien-François Feuchère (c. 1760-c. 1841).

H. 37 x L. 20 x P. 11 cm.

Provenance

- Probable commande privée du roi Louis XVIII pour sa favorite Zoé Talon, comtesse du Cayla (1785-1852), au château de Saint-Ouen.

- Sa fille Valentine de Baschi du Cayla (1806-1885), épouse d'Edmond de Beauvau-Craon (1795-1861). Celle-ci déplace l'entier mobilier de Saint-Ouen au château d'Haroué en 1869.

- Puis par descendance, les princes de Beauvau-Craon au château d'Haroué, jusqu'à la dernière propriétaire, la princesse Minnie de Beauvau-Craon (née en 1953).

- Vente Rémy Le Fur AuctionArt, Choosen pieces, Drouot, 15 juin 2015, lot 49.

Littérature

- Inv(entaire) après décès de Mme La C(om)tesse du Cayla, 17 avril 1852.

- Le modèle par Feuchère reproduit dans Vergoldete bronzen, Pröschel & Otto Meyer, vol. I, p. 398.

- Notre pendule citée comme ayant été oubliée lors du classement par l'État et ayant été annoncée lors de la vente comme provenant du château de Saint-Ouen, in: La Tribune de l'Art, 15 juin 2015, "Préemption d’un tableau de Claude Jacquart par le musée de Lunéville", article de Didier Rykner.

Historique

C’est au cours de rencontres hebdomadaires le mercredi après-midi, mais aussi certainement à la faveur de l’aide que lui apporte le Roi, veuf depuis

1810, que Zoé Talon devient sa confidente et prend une part de plus en plus importante dans la vie du monarque, l’influençant jusque dans sa politique (on se souvient du mot du maréchal de Castellane : « la favorite gouverne la France »). Le charme, la beauté et la grâce de Zoé, appuyés par un indéfectible soutien à la monarchie font rendre les armes au roi qui en fait sa favorite en 1817, la couvre de cadeaux et fait bâtir pour elle le nouveau château de Saint-Ouen entre 1821 et 1823, lui donnant ainsi un statut officiel qu’elle conservera jusqu’à la mort du Roi.

Saint-Ouen est un symbole majeur pour Louis XVIII. C’est là qu’il rédige la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814, avant son entrée officielle dans Paris. Le château ancien est détruit par les Prussiens en 1815. Le Roi le fait alors raser en 1821 et demande aux architectes Jean-Jacques-Marie Huvé (1783-1852) et Jacques-Ignace Hittorf (1792-1867) d’en bâtir un nouveau. Dans un style Palladien et plus au goût du jour il est rapidement terminé, puisqu’il est officiellement acheté le 29 octobre 1822 par Madame du Cayla à Huvé. En réalité, il est offert par Louis XVIII et inauguré le 2 mai 1823. Pour le Roi, ce nouveau château est une sorte de sanctuaire de la Charte Constitutionnelle et il tente de convaincre Zoé de la force et de l’intérêt de ce symbole dont elle doit devenir la gardienne.

Pour décorer le nouveau château, le Roi fait appel aux meilleurs artistes de son époque : Pierre-Antoine Bellangé pour le mobilier, Thomire et Feuchère pour les luminaires et les chandeliers de bronze, la manufacture de Sèvres pour la vaisselle (le déjeuner en porcelaine a été vendu à Paris en 2005), François Gérard pour les tableaux.

En 1850, fidèle à la lignée des Bourbons, la comtesse souhaite que Saint-Ouen et son contenu reviennent au comte de Chambord, neveu de Louis XVIII ou, en cas de refus, à la ville de Paris à condition que celle-ci honore la mémoire de Louis XVIII. À la mort de la comtesse du Cayla, le comte

de Chambord ayant refusé ce cadeau, sa fille Valentine engage une action contre la ville de Paris afin de rentrer en possession du château. Elle obtient gain de cause mais décide finalement de ne pas résider à Saint-Ouen et transfère les meubles et les tableaux au château d’Haroué, où elle vivait depuis son mariage avec le prince Edmond de Beauvau-Craon. Le mobilier ayant été légué jusqu'à la dernière occupante du château, la princesse Minnie de Beauvau-Craon, notre pendule demeure l'un des derniers témoignages de cette histoire prestigieuse encore en mains privées.